J’avais prévu de profiter de la matinée pour aller marcher.
Oui, même sous la pluie.
Hier soir en me couchant, alors que je réfléchissais à ce que je pouvais faire pour me « reconnecter » – pas seulement à moi-même mais aussi à ce que je vais appeler « ma spiritualité » pour faire simple et court (parce que je sens bien qu’un travail de clarification et de redéfinition de ce qu’est ma spiritualité est en cours, en tâche de fond) – je me suis rendue compte que j’avais plus ou moins espéré / attendu jusqu’à maintenant de reprendre les choses là où je les avais laissées.
(Oui, ça paraît idiot de ne pas m’être rendue compte de cette évidence avant, mais quand on a le nez dessus, parfois, les évidences nous échappent, enfin à moi, c’est sûr)
Mais comment cela serait-il possible, quand je me suis autant fermée depuis dix-huit mois – pas forcément volontairement ou consciemment d’ailleurs – quand mes yeux, mes oreilles, mon coeur ne sont plus ouverts ? Comment entendre, voir sentir dans ces conditions ?
Et j’ai besoin d’entendre, de voir de sentir, pour savoir vers où aller, vers où mes pas doivent me porter maintenant. La seule chose qui soit claire pour moi à ce stade, c’est que j’ai besoin dans ma pratique d’un meilleur équilibre masculin / féminin – Dieu / Déesse. Je ne veux pas me diriger dans une démarche purement intellectuelle vers un chemin, j’ai besoin de sentir que ce chemin est juste, même s’il l’est seulement temporairement. Bref, j’ai besoin de signe(s), de retrouver ma capacité à les lire surtout car je suis persuadée qu’ils ne manquent pas. A cet égard, la lecture de Sarenth Odinsson hier soir ou encore de Valiel m’ont un peu remis les idées en place : si tu veux que ça bouge, cocotte, il faut que TU bouges. La même inspiration m’a saisie qu’il y a tout récemment (j’en reparlerai peut-être) et c’est là que le projet d’aller marcher ce matin, même sous la pluie, surtout sous la pluie, s’est imposé.
Et bien sûr quand une fois encore ce projet a été contrarié par un passage aux urgences pour l’un de mes fils (rien de grave ni d’inquiétant, ça nous a juste coûté la matinée), je me suis plus ou moins mise en colère intérieurement : j’avais un chouette plan de reconnexion, de méditation, d’ouverture ou de tentative de réouverture et pouf, encore une fois, à l’eau. Tout comme mon envie de retravailler avec le labyrinthe qui reste au stade d’envie parce que je fais plein de trajets en ce moment et assure pas mal côté logistique domestique. Bref, comment concilier une vie super occupée (et je ne parle pas de perdre du temps sur le net ou autre) et spiritualité / religion ? Et c’est là que j’ai réalisé que sans doute, ce contretemps matinal était un signe, qui m’a permis de me rendre compte que j’abordais la question sous un angle pas adéquat. Là encore, une évidence qui était intégrée « avant » mais que je redécouvre pleinement : il ne s’agit pas tant de bloquer un temps spécifique « pour » (pratiquer /honorer / ritualiser) que d’arriver à « être », dans le quotidien, dans le flot de mes journées. Sur ce, je vais enfiler mes chaussures de marche et filer sous la pluie jusqu’à la Pierre Percée.
🙂
Ravie si mon article a pu te servir. 🙂
La question du temps elle dit se mûrir de plein de façon. Moi j’a fini par penser plutôt en terme de priorités il y a plusieurs années : qu’est-ce qui passe en premier ? qu’est-ce qui passe en dernier ? Est-ce que je veux que la spiritualité passe en dernier, même si c’est « par défaut » ? (mentalement on ne se le dit pas, « ok sur ma liste, la spiritualité c’est si j’ai le temps »). Et si tu ne le veux pas, il faut le changer.
Ensuite il faut être créatif et sortir des préjugés : est-ce qu’il y a une bonne et une mauvaise façon de faire ? est-ce qu’on est obligé de faire un truc « traditionnel » ? y a-t-il des moments consacrés pur la prière ? la méditation ? On peut prendre le temps de descendre dans son ventre et de faire des inspirations profondes quand on fait la cuisine par exemple, ou la vaisselle. On peut prier en mangeant, au petit-dej, le soir, avant de se coucher… etc.
En fait j’ai eu (et ai encore) du mal à retrouver un équilibre post-arrivée de mon petit dernier. J’étais très fatiguée, très vite débordée, submergée et dans le brouillard à plein de niveaux (j’en suis pas entièrement sortie d’ailleurs de ce brouillard :/). Ma spiritualité est passée pendant 18 mois en dernier, par défaut, faute d’avoir réussi à me poser et à dire « c’est important, comment je peux faire pour que… ». Fallait le temps que je retrouve la capacité à poser ça, à être actrice à nouveau et pas juste ballotée par des vagues un peu trop fortes à mon goût. Ton billet est arrivé au bon moment, celui où j’étais prête à chercher des réponses et surtout à bouger…
Ce qui coinçait aussi, c’est qu’avec un tout petit et un tout petit très demandeur qui plus est, j’avais non seulement pas d’énergie mais pas non plus l’envie d’être créative et de trouver un moyen d’aménager une façon de pratiquer en tenant compte de ses besoins; quand mon homme m’expliquait que je pouvais méditer pendant que notre merveille s’endormait au sein, ça me faisait « non » dans les tripes : « je donne déjà assez », « j’ai besoin de retrouver un espace juste à moi et pas de devoir encore composer avec ».
Bref, je vais mieux maintenant et c’est surtout ça qui fait la différence en fait, plus que de pouvoir ou pas avoir du temps « à moi » pour méditer, aller en balade… d’ailleurs, même faire le ménage s’intègre à ma pratique spirituelle, ce qu’il y a un mois en arrière aurait été impensable… les choses ont peu changé, moi oui et du coup tout est plus facile, plus simple (enfin, moins difficile et moins compliqué surtout pour le moment, mais ça vient petit à petit).
Une transition assez lourde. 🙂 Je ne suis pas passée par là, mais j’ai lu des tas de témoignages sur la maternité, effectivement ça change des tas de choses. Et viennent toujours se greffer dessus des troubles personnels.
Je suis ravie si tu te reconstruis doucement, tes forces et ton « Toi ». Ca va revenir alors 🙂
Sûr que ça change des choses la maternité, et même si c’est la quatrième fois, on peut encore être surprise 🙂
Je pense aussi que ce sont surtout les conditions dans lesquelles la naissance de mon bonhomme s’est faite qui ont joué pour beaucoup dans le fait qu’il soit aussi demandeur et moi aussi submergée / dépassée et pendant aussi longtemps (séparation mère-enfant ultra précoce pendant plus de 24 heures et re-séparation ensuite à 5 jours).
Mais « ça revient », petit à petit…